L’UN À QUEUE FOUETTEUSE

2017

Photo: © Dorothée Thébert

Photo: © Dorothée Thébert

 
 

RAREMENT SPECTACLE DE DANSE AURA ÉTÉ AUSSI POLITIQUE, AUSSI GRAVE ET AUSSI RÉUSSI.

THIERRY SARTORETTI - RTS CULTURE

 
 
 
 

Distribution

Conception et chorégraphie : Perrine Valli
Interprétation : Arnaud Bacharach, Fabio Bergamaschi, Marthe Krummenacher, Manon Parent, Corina Pia, Evita Pitara, Rémi Richaud, Rudi van der Merwe
Création sonore : Eric Linder/ Polar
Batteries : Bernard Trontin
Création lumière : Laurent Schaer
Diffusion : Gabor Varga
Administration : Laure Chapel, Pâquis Production
Production : Association Sam-Hester
Coproduction : ADC-Genève
Résidence : Tanzhaus-Zürich
Soutiens : Ville de Genève, Loterie Romande, Pro Helvetia — Fondation suisse pour la culture, SSA Bourse chorégraphique, Fondation Emilie Gourd, Fondation Ernst Göhner, Pour-Cent culturel Migros, la Fondation suisse pour les artistes interprètes, le Fonds d'encouragement à l'emploi des intermittents genevois. Perrine Valli est artiste associée au Dôme Théâtre, Scène conventionnée pour la danse pour les saisons 17/18 et 18/19.
Crédit photo : Dorothée Thébert

 

Description

Elle n’a pas hésité sur le titre : L’Un à queue fouetteuse. Pas tergiversé sur la référence : le peintre d’art brut américain Henry Darger (1892-1973) dont la toile éponyme met en scène des personnages masculins menaçants face à des petites filles arborant un pénis. Pas non plus flanché sur une brutalité inconfortable (…). Voilà Perrine Valli. Directe, argumentée, précise. Elle pose le dossier de sa nouvelle pièce sur la table. Une inspiration picturale puissante, un réseau de significations autour de la violence et de l’innocence, un fond d’écran sociétal raccord. Elle dit tout, dévoile les dessous, arpente les ramifications d’une élaboration lente et méticuleuse. Parallèlement à cette « appropriation » de l’œuvre de Darger, la chorégraphe vit un tournant dans son travail suite à l’attentat contre Charlie Hebdo. « Je suis athée mais je respecte la religion. J’ai associé ces attaques contre des innocents à la peinture de Darger. Au fil du temps, l’obscurantisme s’est imposé comme le sujet principal de ma pièce ». Ce thème extra large, vu à travers le prisme de la religion, Perrine Valli le nourrit d’une réflexion aiguisée sur les corps qu’elle estime « en danger face au retour de forces obscures et d’une forme de virilité, symbolisée entre autres par Trump ou Poutine. C’est la puissance qui s’impose actuellement comme modèle, poursuit-elle.

Peu à peu s’élabore la vision d’un plateau de théâtre proche de l’image de la caverne de Platon, avec d’immenses ombres projetées. « Les corps enchaînés évoqués par le philosophe sont dans une certaine forme d’ignorance et ne peuvent qu’être effrayés par les ombres qui sont évidemment maléfiques, précise t-elle. Pour se rassurer, l’idée de la religion surgit, avec ce qu’elle peut avoir d’illusoire. » Pour incarner ce tourbillon de situations, de réflexions imbriquées, soufflées d’un côté par une actualité qui ne fait que pousser le curseur du chaos, et soutenues de l’autre par l’univers pictural de Darger, Perrine Valli choisit de mettre en scène huit danseurs, quatre hommes et quatre femmes. Plus que jamais préoccupée par la question de l’écriture de la danse, elle entend maintenir l’équilibre entre narration et abstraction, « sans basculer dans le didactisme ou l’illustratif. Mais, enchaîne-t-elle, je m’ennuie lorsque je n’ai pas un sujet précis. Chercher des mouvements pour des mouvements sans projet ne m’intéresse pas. J’ai tenté ici de fouiller des gestes autour de la verticalité, du fait de s’élever puis de s’écraser. » Cette tension abstraite, aussi intensément nourrie d’images soit-elle, trouve toujours chez Perrine Valli une issue limpide, à la fois claire et charnelle.

Texte : Rosita Boisseau

 
 

Dates

2017

13 janvier : Tanzhaus, Zurich, Suisse (Répétition Publique)
26 avril au 6 mai : ADC Genève, Suisse
17 et 18 novembre : Halles de Schaerbeek, Bruxelles, Belgique